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Confinement

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Chers membres,
 
Notre club étant fermé jusqu’à nouvel ordre et nos réunions «kippenboutjes plein la bouche» étant ajournées sine die, c’est la mort dans l’âme que nous devons, tous autant que nous sommes, nous résoudre à mettre notre vie sociale entre parenthèses.
 
Que nous fassions partie de ceux qui considèrent la situation actuelle comme une chance ou de ceux qui, a contrario, ont l’impression d’avoir été envoyés sans procès dans le Valhalla, il faut bien nous rendre à l’évidence: les mesures de confinement, bien qu’absolument impératives et nécessaires, vont être dures à respecter.
 
Pour ma part, plutôt que de me laisser gagner par la déprime due aux projets annulés, j’ai décidé de faire de cette période tourmentée une aubaine: voici enfin l’occasion que j’attendais tant d’arrêter de courir dans tous les sens comme un poulet sans tête, de revoir mes besoins formatés et inutiles de surconsommatrice, de reconsidérer des injonctions sociales qui, à bien y songer, augmentent davantage mon stress que mon bien-être, et de mettre un peu d’ordre dans ma vie.
 
L’occasion de méditer et de m’adonner aux exercices suivants (cette liste n’engage que son auteur):
- ouvrir un dictionnaire pour m’assurer d’avoir bien saisi la différence entre «héroïsme» et «manque de civisme» (non, se réunir dans un bar avant le début du confinement n’est pas un acte de bravoure sociale mais bien de pure bêtise égoïste, puérile et capricieuse);
- assumer pleinement les qualificatifs qui précèdent et ma part de responsabilité collective en restant chez moi;
- réfléchir à une mondialisation qui, certes, a permis d’améliorer le niveau de vie dans presque tous les pays mais qui fait aussi qu’aujourd’hui, «nous dépendons d’une poignée de mains qui se donne à Wuhan» (Bernard Bader sur France Inter, «L’invité du Week End» du 14 mars 2020);
- mettre mon consumérisme en quarantaine et m’interroger sur le syndrome «FOMO» («Fear-Of-Missing-Out» — BBC News et Wikipédia), qui pousse les moins nécessiteux d’entre nous à faire des stocks indécents de PQ et de pâtes alors même que nous vivons dans un pays où la disponibilité d’aliments en tous genres est telle qu’elle pourrait nourrir les trois quarts du Sahel;
- espérer que la crise économique qui va inévitablement suivre fera moins de victimes que la crise sanitaire;
- remercier ma bonne étoile d’être née dans un pays où les systèmes de soins de santé et de sécurité sociale font partie des meilleurs au monde, quoi qu’en pensent certains;
- me demander si nous aurons la sagesse, une fois sortis d’affaire, de tirer les leçons de cette pandémie.
 
L’occasion également de me livrer à quelques activités plus terre à terre mais nourrissantes, souvent repoussées faute de temps ou de disponibilité mentale:
- lire, lire, lire et encore lire, parce que «Chaque lecture est un acte de résistance. Une lecture bien menée sauve de tout, y compris de soi-même.» (D. Pennac, «Comme un roman»);
- faire un grand nettoyage de printemps;
- me remettre au piano (au moins les gammes :) );
- ouvrir mes livres de cuisine;
- danser dans mon salon;
- danser dans mon salon sur Les Indes galantes, version hip-hop (nan, j’rigole, les temps sont durs mais faut pas déc'. Quoique...);
- écrire, comme vous pouvez le constater si vous êtes toujours avec moi;
- bricoler;
- visionner ce que j’enregistre depuis des années «au cas où»;
- écouter mes 260 épisodes de podcasts en attente;
- dormir plus de 6 heures par nuit;
- m’évader dans mes souvenirs de voyages, de rencontres, de découvertes, de petits exploits, de déceptions parfois, d’émerveillements souvent;
- me projeter vers l’avenir;
- et, last but not least, tenir le coup en pensant à notre revoyure, dès que possible et, surtout, en bonne santé.
 
N’oubliez pas de prendre soin de vous et des autres en limitant vos interactions sociales au maximum. C’est le seul moyen de maîtriser l’intensité de l’épidémie et d’éviter la saturation des hôpitaux, on ne le répétera jamais assez.
 
Beaucoup de courage à tous.
 
Allez Hurricane!
 
Sophie